Hier soir, je me suis fais plaisir et j’ai réécouté le film Thank you for smoking (2005). Ce film est sublime pour plusieurs raisons. La principale est qu’elle met de l’avant l’importance de la rhétorique.
L’histoire est assez simple: on suit un lobbyist de l’industrie du tabac dans ses diverses tâches. Donc, ce n’est pas pour l’histoire, les effets spéciaux ou le talent des acteurs. Par contre, le texte de ce film est délirant. Le type a comme de job de « mettre les gens en boîte » avec un paquet de procédés rhétoriques et une pensée sophistique.
Mais au-delà de ces considérations, ce film me rejoint à d’autres égards. Travaillant en éthique de la recherche et ayant étudié en promotion de la santé spécifiquement sur les enjeux éthiques associés aux interventions visant l’arrêt tabagique chez les jeunes, ce film est truffé de perles qui s’appuient sur la réalité.
Les affiches de la salle de conférence du bureau de Nick Naylor – jeu de mots… nail… cela dit, ils leur clouent le bec pour vrai! – existent vraiment. J’en ai déjà parlé il y a un an, mais ça reste surprenant de voir comment l’industrie du tabac se servait du discours médical et la caution d’acteurs connus pour faire la promotion de leurs produits. Pour plus d’affiches, vous pouvez consulter le site de l’Université Stanford.

Vous remarquerez l'emphase sur le 'M' et le 'D' du titre rappelant très subtilement... qu'il s'agit d'un médecin MD

Comme le mentionne le site de l'Université Stanford: "Camel Fan Going' on 24 Years! John Wayne, died of gastric cancer June 11, 1979 at the age of 72. After being diagnosed with lung cancer (controlled by surgery), he made a series of noteworthy anti-smoking TV advertisements."
L’institut de recherche fantoche présenté dans le film a vraiment existé en Allemagne sous l’appelation Institut Fur Biologische Forschung (INBIFO) ou y travaillait notamment Ragnar Rylander, un scientifique qui s’acharnait à minimiser les effets néfastes de la fumée secondaire. Or, l’INBIFO était financé par la Philip Morris… un des plus gros conglomérat de producteurs cigarettiers. Il a été reconnu coupable de fraude scientifique. Pour un bon résumé, je vous recommande cet article de Diethelm, Rielle & McKee 2004.
Et en passant… personne ne fume dans le film. Une seule fois on voit Nick Naylor ouvrir un paquet de cigarettes… mais il est vide!