Samedi soir, je suis allé voir le spectacle de danse moderne L’Homme à tête de chou mettant en scène la musique de Serge Gainsbourg, chantée par Alain Bashung et mis en danse par le chorégraphe Jean-Claude Gallotta.
Superbe!
On décrit le spectacle de cette façon:
« L’Homme à tête de chou ranime la sombre histoire d’un journaliste à scandales tombé amoureux de Marilou, shampouineuse infidèle qui finira sous les coups du scribouillard jaloux » (source). Cette histoire, paru en 1976 sur l’album-concept de Gainsbourg portant le même titre, présente toute la tension sexuelle qui peut s’établir entre un homme et femme au point où, par jalousie, folie et excès d’alcool, l’homme commet un meurtre passionnel.
Ce que j’ai cru comprendre, c’est une histoire qu’a imaginé Gainsbourg alors qu’il accompagnait Jane Birkin, mère de Charlotte, lors d’une de ses tournées. Seul dans l’hôtel, il aurait pensé à cette histoire.
Avant de poursuivre plus avant, un extrait du spectacle présentant Marilou, l’infidèle.
Les arrangements musicaux sont forts, rocks et cinglants notamment lors de la pièce Chez Max coiffeur pour hommes; second tableau de ce court spectacle durant à peine plus qu’une heure et quart. Bashung apporte la sobriété à ce spectacle éclaté où la poésie de Gainsbourg se met en mouvement devant nos yeux.
Le moment fort du spectacle s’articule autour de la chanson Variations sur Marilou. Il s’agit de loin la chanson avec laquelle Gainsbourg s’amuse avec la langue et les sonorités de chaque mots utilisé, extrait:
A son regard le vice
Donne un côté salace
Un peu du bleu lavasse
De sa paire de Levi’s
Et tandis qu’elle exhale
Un soupir au menthol
Ma débile mentale
Perdue en son exil
Physique et cérébral
Joue avec le métal
De son zip et l’atoll
De corail apparaît
Elle s’y coca-colle
Un doigt qui en arrêt
Au bord de la corolle
Est pris près du calice
Du vertige d’Alice
De Lewis Caroll.Lorsqu’en songes obscurs
Marilou se résorbe
Que son coma l’absorbe
En des rêves absurdes
Sa pupille s’absente
Et son iris absinthe
Subrepticement se teinte
De plaisirs en attente
Perdue dans son exil
Physique et cérébral
Un à un elle exhale
Des soupirs fébriles
Parfumés au menthol
Ma débile mentale
Fais tinter le métal
De son zip et Narcisse
Elle pousse le vice
Dans la nuit bleue lavasse
De sa paire de Levi’s
Arrivée au pubis
De son sexe corail
Ecartant la corolle
Prise au bord du calice
De vertigo Alice
S’enfonce jusqu’à l’os
Au pays des malices
De Lewis Caroll »
Vous trouverez la chanson reprise par Bashung (bon! pour la qualité de l’enregistrement, on repassera!)
À ce moment fort, s’ajoutent des moments d’une grande profondeur. Seul moment du spectacle où les danseurs sont laissés à eux-mêmes par Bashung, un danseur, nu, est porté par deux collègues sur la chaise trônant au centre de la scène. Portant un masque de monstre, on saisi toute la fragilité du personnage qui, se trouvant laid, parvient à nous toucher par la vulnérabilité qu’il démontre. Une minute de silence. On entendrait un mouche voler.
Malheureusement, ce moment se fracassa à la dure réalité du « pestacle ». Quelques secondes après que le danseur ait enlevé son masque. Assis nu sur la chaise, aucun danseur ne bouge et voilà que Paf! ma charmante amie retient un fou-rire. Elle me fait alors remarquer que le dense silence est ponctué des ronflements d’un spectateur lassé. Plus capable de retenir ma surprise, j’ai le fou-rire. Aussi bien dire que le moment était mal choisi pour rire…
Dans l’ensemble, je dirais que L’Homme à tête de chou de Gallotta est l’incarnation juste de Gainsbourg: un brouillon aux propos sensuels d’une érotique violence.
Ping : J’ai gardé ma tête! « Chez Paré, pas de 'e'… Bienvenue aux dames!