J’ai gardé ma tête!

Samedi soir, j’ai assisté pour la première fois à un opéra, Salomé de Richard Strauss à l’Opéra de Montréal.  Nouvelle expérience que j’ai bien hâte de répéter.

Le Caravage, Salomé avec la tête de Jean-Baptiste (1607)

Salomé, c’est une histoire assez banale.  Essentiellement, elle développe une fascination pour Jean-Baptiste, fait prisonnier par son beau-père, Hérode, qui refuse de tuer le prophète.  Ce dernier, pour sa part, émet quelques propos désobligeant à l’endroit de Salomé et sa mère.  Malgré son piètre état, Salomé veut embrasser Jean-Baptiste.  Il est retourné au trou puis, la royauté arrive dans la prison afin de poursuivre leur festin et jaser avec Salomé.  Entretenant une relation quasi-incestueuse avec Salomé, Hérode lui demande de danser – nue – pour elle.  Elle refuse d’abord, puis accepte quand le vieux perv’ lui jure de lui offrir tout ce qu’elle lui demande.  Elle fait alors la danse des sept voiles qui culmine lorsqu’elle s’expose quelques secondes complètement nue à Hérode – je rappelle, son beau-père.

La chute est prévisible, Salomé demande à Hérode la tête de Jean-Baptiste sur un plateau d’argent.  Elle l’obtient et il est en beau maudit.  Bref, une histoire somme toute assez simple à comprendre.

Toutefois, l’histoire a un peu mal vieillie et – peut-être est-ce parce que Strauss s’est inspiré de la Salomé d’Oscar Wilde – prend des allures comiques.  Hérode est le cliché du vieux mononcle cochon qui reluque les attributs féminins de ses proches.  Le traitement qu’il en a été fait lors de l’opéra rend cette dimension comique.  Or, malaise, devions-nous vraiment rire?

Pour ce qui est des costumes, cet opéra a été modernisé, mais encore ici, peut-être un peu trop.  Costume et accessoires noir ou blanc, murs beiges, quelques lumières colorés accentuent aux moments stratégiques le traitement généralement monochrome.  Cependant, à trop oser, on commet parfois des impairs.  Dans cette mise en scène, mon seul reproche est l’apparence détonante des juifs – on se rappelle que la pièce se déroule vers l’an 15 à Jérusalem – qui sont simplement habillés en costard cravate, boudins, Tallit, Tzitzis, etc.  Lorsqu’ils arrivent sur scène, on a l’impression qu’il s’agit de spectateurs qui se seraient trompés de porte.  Malaise.  Aussi, l’apparence contemporaine de ces derniers nous laisse croire qu’ils n’auraient pas changer sur le plan vestimentaires et cognitifs depuis plus de deux siècles… un malaise en raison de cet antisémitisme latent d’autant plus que ce sont les seuls personnages à s’obstiner, à avoir l’air brouillon et qui sont mépriser par les autres.  Cela dit, je doute que ce soit l’intention de Strauss, ce dernier étant contre l’antisémitisme présent dans l’Allemagne qu’il a connu.

Pour ce qui est de la performance vocale, j’ai été impressionné.  La salle Wilfred-Pelletier est assez profonde et nous étions dans le fond… pourtant, les voix se rendent avec une force jamais encore entendue.  Même quand Jean-Baptiste est derrière le décor (i.e. dans son trou), on l’entend.  Chapeau.  Jean-Baptiste est aussi très fort dans son jeu.  D’ailleurs, je ne croyais pas que les chanteurs d’opéra devaient être aussi en forme ET avoir de sacrés talents d’acteur.

L’orchestre qui accompagnait les chanteurs était dirigé par Yannick Nézet-Séguin.  Malheureusement, je ne suis pas en mesure d’évaluer sa performance.

Une petite entrevue avec le prodige Nézet-Séguin sur l’opéra vu:

Au final, j’ai bien hâte de voir un autre opéra afin de savoir si j’ai ou non aimé l’expérience et cette forme d’art.  Pour le moment, j’ai trouvé cela bien, mais L’Homme à tête de chou était nettement supérieur à tous les égards.  Bref, je n’y ai pas perdu la tête…

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