(Oups. Cet article devait être publié hier…)
Il y a 107 ans naissait Mark Rothko.
La satisfaction de l’impulsion créatrice est un besoin biologique de base, essentiel à la santé de l’individu. Son effet cumulé sur la santé de la société est inestimable. L’art est l’un des rares moyens importants connus de l’homme pour articuler cette impulsion. C’est pourquoi sa pratique est aussi ininterrompue que la vie elle-même. Elle a survécu à toutes les interdictions de l’homme, de la loi ou de la coutume, et à chaque difficulté que la nature a inventée dans la résistance de ses matériaux, quelle que soit la dureté de la surface ou l’hostilité des circonstances, l’homme a persisté dans l’enregistrement de ses imaginations. Le processus lui-même est, comme son parallèle psychologique, inévitable pour tous les processus biologiques. L’homme reçoit et par conséquent doit exprimer. C’est ça ou la strangulation. Les sens de l’homme collectent et accumulent les émotions, la pensée [les] transforme et [les] ordonne, et par l’intermédiaire de l’art, elles sont émises afin de prendre part à nouveau au flux de la vie où à leur tour, elles stimuleront l’action d’autres hommes. car l’art n’est pas seulement expressif, il est également communicable, et cette communicabilité détermine sa fonction sociale. L’auteur affirmera donc la conviction inévitable selon laquelle la pratique de l’art est, en tant qu’acte social, intrinsèquement importante et ne requiert aucune justification auxiliaire.
– Mark Rothko, « La satisfaction de l’impulsion créatrice ». Brouillon (c. 1941) IN Écrits sur l’art 1934-1969 (2007) p.63